Les fourberies de Scapin

Molière

« Coup de génie, Pietro Pizzuti endosse ce Scapin, pas séducteur pour un sou : casquette à l’envers, foulard rouge, la dégaine nonchalante, plus désenchanté que vif, avec cette manière e se tenir à distance, puis de monter au front avec une agilité de malou ladré… ce Scapin-là est une merveille ! Sobre, il surprend, il aiguillonne le rire, il bouleverse. »

« Mundus universus exercet histrioniam »

(Le monde entier joue la comédie- Pétrone.)

Après avoir mis en scène Ahmed le Subtil et Ahmed Philosophe d’Alain Badiou totalement inspiré par Scapin, je reviens à la source : Molière et Les Fourberies de Scapin. (Pour retrouver la célèbre réplique « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » au lieu de « Mais pourquoi n’avez-vous pas vu les boucles d’oreilles ? »)

La même folle sagesse se retrouve chez Scapin et Ahmed. Scapin est un philosophe sans illusion sur l’homme, mais son goût de vivre reste le plus fort et lui interdit le pessimisme. Ainsi, il aide son jeune maître pour le plaisir de rire, et son intelligence redoutable perce les vanités de tous, les hypocrisies de chacun. C’est un manipulateur de la réalité pour la beauté du geste, un stratège désintéressé.

Pietro Pizzuti a l’âge de Molière au moment où celui-ci a écrit et joué Scapin : quarante-neuf ans. Le choix d’un Scapin de cet âge n’est pas un hasard puisque je souhaite privilégier le philosophe plutôt que l’aspect jeune bondissant et comique plus communément admis. L’humanité personnelle et la connaissance de la vie et des hommes demandent une certaine expérience c’est-à-dire un certain âge pour s’être déjà frotté au monde. Un acteur avec un charisme généreux comme Pietro peut nous faire partager cette vision particulière du personnage de Scapin au-delà de sa condition de valet ou de figure issue de la commedia dell’arte.

« Quelque temps après, Léandre fit rencontre d’une jeune Egyptienne dont il devint amoureux. » Des Tziganes sont à Naples en ce temps là, nous dit le texte. J’ai imaginé la beauté et la sensualité de danses tziganes qui viendraient se vivre sur la place publique où le peuple se rencontre. Zerbinette et deux autres danseuses virevoltent, elles dansent l’amour, ses tours et détours, elles sont comme le vent avec leurs châles, elles se moquent des bourgeois en caquetant comme des pies ou elles offrent la danse du feu et du ventre à leurs amis admiratifs. Ces femmes illuminent le plateau de leur présence pleine de joie.

Scapin est d’hier et d’aujourd’hui. Pour les costumes et la scénographie, cette réflexion conduira la réalisation. Pour les inscrire dans notre temps, ces personnes sont habillées de vêtements contemporains. Pour les singulariser, ces personnes sont pourvues de traces d’habit du passé. Ce sont des êtres de théâtre de toujours. Catherine Somers réalisera ces costumes et cette scénographie entre documentaire et imaginaire.

Pour conclure : Scapin est le personnage le plus intelligent de Molière, celui chez qui le plaisir d’imaginer est le plus spontané et le plus vif. A peine un mot est-il dit, une situation évoquée que déjà la machine intellectuelle la plus merveilleusement huilée a conçu le moyen de l’exploiter. Tandis que la petite société de Naples vit selon ses lois sociales bien réglées, Scapin, génial empêcheur de tourner en rond, vient entraver son bon fonctionnement. Des fils désobéissants, des pères intransigeants, des situations complexes, un valet secourable : le rire éclate, triomphe sans partage.

Ce sera un immense plaisir de partager avec vous cette grande comédie à la découverte de nos semblables.

Christine Delmotte, Metteuse en scène

Production

Une production de la Compagnie Biloxi 48

Avec l’aide de la Commission communautaire Française et du Ministère de la communauté française, Direction générale de la Culture – Service Théâtre

Distribution

Texte : Molière
Avec : Pietro Pizzuti, Daniel Hanssens ou Benoît Van Dorslaer, Michel Hinderyckx, Stéphanie Van Vyve, Jessica Gazon, Clément Manuel, Quentin Marteau, Tshilombo Imhotep ou Frédéric Clou, Ana Rodriguez ou Elisabeth Lenoir, Frédéric Clou ou Julien De Broeyer, Myriam Szabo ou Carolina Morais Fonseca
Mise en scène : Christine Delmotte
Scénographie et costumes : Catherine Somers
Création maquillage : Laura Lamouchi
Création lumière et direction technique : Nathalie Borlée
Chorégraphie : Myriam Szabo
Construction décor : Didier Rodot, Georges Delhez
Peinture décor : Béatrice Massinger
Réalisation costumes : Sylvie Thevenard, Catherine Somers
Régie son et lumière création : Nicola Pavoni
Régie générale création : Maximilien Westerlinck
Régie tournée : Benoît Ausloos
Assistanat mise en scène : Ana Rodriguez et Frédéric Clou ou Elisabeth Lenoir et Julien Broeyer
Assistanat général : Gabrielle Dailly

Dates de création

Du 19 avril au 02 juin 2007

Théâtre de la place des Martyrs

Dates de tournée

10 janvier 2009
Centre culturel de La Louvière
13-17 janvier 2009
Wolubilis
20-22 janvier 2009
Maison de la culture de Tournai
26-30 janvier 2009
Centre culturel de Verviers
02-07 février 2009
L'Eden
09-10 février 2009
Centre culturel de Dinant
13 février 2009
Centre culturel de Sambreville Auvelais, Belgique
18 février 2009
Centre culturel de Huy
05-07 mars 2009
Centre culturel de Louvain La Neuve