Toll

Isabelle Bya / Christine Delmotte

Toll vit dans la plaigne rouge au bord du fleuve large et calme, dans une petite maison noircie par la fumée de ses expériences. La fumée des travaux de Toll a fait fondre les étoiles les plus proches, les bouleaux de la plaine en ont perdu les feuilles et les oiseaux, et, en hiver, les flocons de neige que dieu lui envoie sont gros comme des pavés. L’étrangeté de la végétation du climat est preuve qu’elle a touché a quelque chose (…)

Toll vit dans la plaigne rouge au bord du fleuve large et calme, dans une petite maison noircie par la fumée de ses expériences. La fumée des travaux de Toll a fait fondre les étoiles les plus proches, les bouleaux de la plaine en ont perdu les feuilles et les oiseaux, et, en hiver, les flocons de neige que dieu lui envoie sont gros comme des pavés. L’étrangeté de la végétation du climat est preuve qu’elle a touché a quelque chose (…)
Accompagnée de ses deux petits-fils, ses petites « Montagnes de Courage », Toll, qui ne supporte pas de dire sa petite taille dans l’angle immense qui fait le ciel quand il se penche sur elle, qui s’est sentie trop souvent enfoncée et dépassée par les choses, a cherché et trouvé le moyen que cela ne se produise jamais plus. Elle arpente les mains dans le dos le chemin de la sainteté, jalonné des produits de ses expériences étranges, elle s’est mise en route sans retour vers la grandeur, et peut désormais contenir sa colère devant les choses trop grandes, qui exagèrent.
« La raison, quand on l’a, on ne doit pas la perdre. Dans la lutte pour la grandeur, on est sa propre porte, et elle ne doit pas sortir de ses gonds. Parfois, je me dis : quand une femme en a assez de sa taille, elle en a assez de sa vie. Mais ce n’est pas du tout ça, alors je me dis : Toll, ta salive, ce n’est rien que de la sueur d’exagération. Ouvre les yeux, va te laver les mains, tu verras, tu y arriveras, mais ne va pas laisser la nombreuse vermine des supputations entraver les fonctions naturelles de ton intelligence. Oui. La lutte pour la grandeur est âpre et rude, elle a à voir avec la crainte et l’éternité, et même les justes peuvent rester coincés. »

Production

Coproduction Compagnie Biloxi 48 / Certains Soirs / Théâtre de la Place

Distribution

Texte : Isabelle Bya
Avec : Michèle Mahia, Olivier Dutrieux, Sébastien Dutrieux
Adaptation théâtrale et mise en scène : Christine Delmotte
Scénographie : Jacques Ume
Assistant à la technique : Anne Dechêne

Dates de création

Du 10 au 22 avril 1989

Espace Senghor