Le Logographe

Amélie Nothomb

Un concept de 5 soirées ou la rencontre d’un auteur et d’un metteur en scène au travers de récits, d’entretiens, de lectures et d’inédits pour découvrir un écrivain belge francophone. Cette année, c’est une voie féminine que nous vous proposons de venir suivre avec nous, une chance de pouvoir rencontrer de grands noms belges francophones de la littérature et du théâtre. Pour poursuivre la saison, Amélie Nothomb rencontre Christine Delmotte. Rencontre entre une enragée et une engagée.

Entretien avec Amélie Nothomb

Quand vous êtes-vous rendu compte de votre vocation?

Jamais. J’ai vite compris que je n’étais bonne à rien. Depuis que je suis raisonnable, c’est-à-dire, depuis que j’ai su que je ne deviendrais pas martyre, j’ai décidé d’être interprète de français, anglais et japonais, langues que j’avais apprises dans les milieux diplomatiques de mes parents. Après des études de philologie romane, à l’U.L.B., j’ai pris le premier avion pour Tokyo et je fus engagée dans une grande entreprise japonaise. Ce fut épouvantable et cela m’a fait comprendre que ma carrière japonaise était une voie de garage. Si je la prolongeais, je devais accepter d’être malheureuse toute ma vie. Alors, que faire? J’avais un diplôme de romane, mais je n’avais pas le feu sacré du professeur. D’autre part, j’écrivais des romans pour moi-même, par malaise pathologique, depuis ma découverte de l’Europe, à dix-sept ans. Avant l’âge de vingt-trois ans, je n’aurais pas imaginé être lue par quelqu’un. Après mon expérience professionnelle japonaise, je suis revenue en Europe, avec, pour la première fois, l’idée que j’allais peut-être y vivre. Je devais donc gagner ma vie. J’avais économisé assez d’argent, avec mon salaire d’interprète, pour me débrouiller pendant deux ans, le temps qu’il m’a fallu pour trouver un éditeur et faire publier ce qui est mon Ilème roman, L’Hygiène de l’assassin. En résumé, j’ai vite compris que l’écriture faisait partie de ma vie, mais il m’a fallu bien du temps pour comprendre que je pouvais en vivre.

 

 

Entretien avec Christine Delmotte

Que représente pour vous cette rencontre avec Amélie Nothomb?

je suis ravie qu’elle ait lieu. je m’intéresse à son travail depuis le début et j’adore ce qu’elle écrit. Ce qui me frappe particulièrement chez elle, c’est son regard martien, dont parle le docteur Eric Berne.
« Quand les parents contrarient ou essaient d’influencer la libre expression de leurs enfants, leurs directives sont interprétées différemment par le parent en question, les témoins et l’enfant lui-même. Il existe en fait cinq points de vue différents : 1) Ce que le parent affirme avoir voulu dire. 2) Ce qu’un témoin naïf pense que le parent a voulu dire. 3) Le sens littéral de ce qui a été dit 4) Ce que le parent a « vraiment » voulu dire. 5) Ce que l’enfant a saisi. Les deux premiers sont des points de vue « terriens » de « péquenot », et les trois derniers sont les « vrais » points de vue martiens. »
Elle ne se contente pas de décrire une réalité, elle décode cette réalité sans être dupe des conventions sociales. Par sa sensibilité extraordinaire et sa très grande lucidité, elle met à nu les rapports affectifs et les rapports de pouvoir entre les gens. C’est très sensible dans deux romans que j’apprécie particulièrement: Le Sabotage amoureux et Attentat.

Suite de l’entretien : voir dossier du spectacle

Production

Une Création de la Compagnie Biloxi 48

Distribution

Avec : Laurence Vielle, Béatrice Berger
Mise en scène : Christine Delmotte
Compositeur d’opéra : Daniel Schell
Soprano : Anne Horbach
Pianiste : Luc Geraro

Dates de création

Le 03 avril 1998

Le Botanique