« Raconter » les Conseils Solvay au public est un acte aussi évident, aussi nécessaire que « raconter » la Révolution Française ou l’expansion coloniale de l’Europe. Il s’agit d’une page de l’histoire humaine dont, scientifiques ou non, nous sommes les héritiers. Nous vivons dans un monde où des dispositifs multiples impliquent ces êtres bizarres que sont les électrons, les noyaux, les protons, les neutrons, les positons. Nous leur confions notre santé dans les hôpitaux, notre vie dans les avions, nos rêves lorsque nous rêvons « poussière d’étoiles ». C’est là, dans le chaudron démoniaque des sorcières assemblées pour leur sabbat bruxellois, qu’ils ont subi certaines des épreuves cruciales qui ont décidé de leur existence, de leur titre à faire histoire avec nous. Pour le meilleur et pour le pire.
J’ai lu cette pièce de théâtre de Paul Pourveur et elle m’a tout de suite bouleversée : le vertige de découvrir des points de vue sur le monde proches de ce que j’ai envie de raconter maintenant. Et comment l’expliquer mieux que par un aphorisme : « Un homme à la mer lève un bras, crie « Au secours ! ». Et l’écho lui répond : « Qu‘entendez-vous par là ? » » (Jules Supervielle, Naufrage)
Cette histoire se passe à l’hôtel Métropole à Bruxelles, dans la nuit du 28 au 29 octobre 1927. A cette date, depuis une semaine, se tient le cinquième Conseil Solvay auquel participent, entre autres, Einstein, Planck, Marie Curie, Schrödinger, Heisenberg et Bohr.
Ce cinquième Conseil Solvay marque l’émergence de la mécanique quantique, qui postule une réalité « non déterministe ». Finie l’époque où l’on décrivait la réalité en termes absolus.
Dans le hall de l’hôtel Métropole, le réceptionniste, un physicien, et un paléoanthropologue passent une nuit d’insomnie. Au fur et à mesure que la nuit avance, ces trois personnages sont de plus en plus fascinés par la perspective d’un nouveau mode de pensée. Des vérités absolues sont mises en doute. Les images idéales du XIXème siècle volent en éclat…
A partir d’une histoire simple, d’une histoire vraie, Paul Pourveur nous présente une nouvelle vision du monde : la réalité vue par la physique quantique. Une immense révolution est à l’œuvre. Nos connaissances sont bousculées par ces nouvelles théories, nos certitudes sont ébranlées. Le temps, l’espace, la matière, l’esprit, toutes ces notions demandent de nouvelles définitions.
Christine Delmotte, metteuse en scène
Production
Un spectacle de la Compagnie BILOXI 48 en coproduction avec le Botanique, Centre Culturel de la Communauté Wallonie-Bruxelles.
Avec l’aide du Ministère de la Communauté Française, Direction Générale de la Culture.
Distribution
Texte : Paul Pourveur
Avec : Jean-Michel BALTHAZAR, Angelo BISON, François SIKIVIE, Ingrid HEIDERSCHEIDT et Catherine ANSAY
Mise en scène : Christine DELMOTTE
Traduction : Alain BORLEE et Paul POURVEUR
Scénographie et Costumes : Pierre ALBERT
Assistante Générale : Catherine ANSAY
Création éclairages : Nathalie BORLEE
Construction des décors : Didier RODOT
Construction des fauteuils : Michel VAN SINT JAN
Réalisation des costumes : J. VAN DEN EENDEN-ROELOFS
Conseiller scientifique : D. AERTS
Régie : Christophe LAGNEAUX
Dates de création
Du 12 au 23 décembre 2000
Théâtre de la place des Martyrs