Ahmed, philosophe bondissant, jovial et raisonneur vit dans une cité de banlieue. Il y rencontre une femme députée, un animateur social, une ouvrière africaine… Ce Scapin contemporain anime pour nous le hasard et l’infini, la morale et l’événement, la politique, Dieu, la vérité… sous forme de saynètes drolatiques, savoureuses et impertinentes. Ahmed Philosophe : la connaissance par le rire !
J’ai mis en scène Ahmed le Subtil en 1998 au Théâtre de la Place à Liège. Ce spectacle, un conte libertaire, proposait l’utopie du rire.
Ahmed le Subtil est une farce directement inspirée des Fourberies de Scapin de Molière. Alain Badiou a gardé le personnage d’Ahmed et continue de le faire vivre dans différentes situations. Dans Ahmed philosophe, Ahmed rencontre plusieurs personnages hauts en couleur dans sa cité de banlieue. Ce Scapin contemporain anime pour nous le hasard et l’infini, la morale et l’événement, la politique, Dieu, la vérité … sous forme de saynètes drolatiques, impertinentes et savoureuses.
Ce que la tradition dit de Scapin vaut pour Ahmed : « Scapin est le personnage le plus intelligent de Molière et peut-être de tout le théâtre français. Il est celui chez lequel le plaisir d’imaginer est le plus spontané et le plus vif. A peine un mot est-il dit, une situation évoquée que déjà la machine intellectuelle la plus merveilleusement huilée a conçu le moyen de l’exploiter. L’agilité d’esprit de Scapin vaut celle de son corps, et l’un et l’autre sont chez lui une source d’un plaisir intense et visible.(…) Scapin n’en veut à personne; il n’a pas de passé; il vit dans l’instant; aucune fidélité, aucune reconnaissance, aucune tendresse ne le lient à qui que ce soit … Scapin, c’est un éclat dans les yeux, sans cesse renaissant, mais jamais prolongé, c’est le plaisir pur de concevoir et d’agir. (…) Il est l’animateur unique. Il dispose à son gré des maîtres et des serviteurs, de ceux qui font appel à lui comme de ceux qu’il combat. Chose révolutionnaire en cette société hiérarchisée, le Valet devient le Roi par sa seule intelligence. (…) Scapin dirige, commande, triomphe par la démission de ceux qui sont les maîtres. Il ne cesse d’être valet, il assume jusqu’aux bastonnades inclusivement, sa condition de valet, et c’est en valet qu’il domine. Il substitue les hiérarchies de l’intelligence aux hiérarchies de la naissance, de la fortune et de la société. » Dictionnaire des personnages – Laffont.
Ahmed nous enseigne les vertus de la farce libertaire comme moyen de démystification du pouvoir et de leurs représentants. Et il rit tout son saoul, parce que le rire est la plus belle utopie de l’homme, sa façon la plus virulente de narguer l’éternité. Et vive la farce!
Une phrase de Piscator guide mon travail : « Il ne suffit pas, pourtant, de montrer l’homme prisonnier de l’histoire, écrasé par elle. Ce que Piscator exige du théâtre, c’est qu’il montre non seulement l’homme aliéné, mais aussi le chemin de sa prise de conscience et de sa libération. En un mot, le théâtre doit montrer l’homme capable de prendre désormais en main son destin. »
Ahmed, par la seule force de son langage, nous montre comment projeter nos utopies dans la réalité.
Entre le pays où l’on naît et le pays où l’on meurt, nous sommes tous des immigrés du pays que l’on désire.
Christine Delmotte, metteuse en scène
Production
Une production de la Compagnie Biloxi 48
Avec l’aide du Ministère de la communauté française, direction générale de la Culture – Service Théâtre
Distribution
Texte : Alain Badiou
Avec : Ben Hamidou, Tshilombo Imhotep, Hélène Gailly, Benoît Van Dorslaer, Jean-Claude Derudder, Leslie Branckaute et à la musique et au chant Farida Zouj et Marwan Zoueini.
Mise en scène : Christine Delmotte
Assistanat mise en scène : Sabrina Nicolucci
Scénographie : Christine Delmotte et Olivia Mortier
Éclairages et direction technique : Nathalie Borlée
Costumes : Cathy Peraux assitée de Carine Duarte
Régie son et lumière : Philippe Fontaine
Régie plateau : Soufian El Moussaoui
Assistanat général : Gabrielle Dailly
Dates de création
Du 09 novembre au 10 décembre 2005
Théâtre de la place des Martyrs